(extrait du site JIM.fr)
Ainsi, entre 1967 et 2010, près de 2,5 millions d’adolescents israéliens ont fait l’objet d’une évaluation médicale. Après exclusion des minorités non représentatives de la population et des sujets pour lesquels le poids et/ou la taille n’étaient pas disponibles, la cohorte étudiée comportait près de 2,3 millions d’adultes parmi lesquels 36 118 sujets sont décédés entre 1967 et 2011.
Un sujet était considéré comme ayant une corpulence normale lorsque sont IMC était compris entre le 5ème et le 25ème percentile (sous-groupe de référence). Au-delà, cinq catégories d’excès pondéraux étaient définies (25ème au 49ème percentile, 50ème au 74ème, 75ème au 84ème, 85ème au 94ème et au-delà du 95ème percentile). En dessous du 5ème percentile les sujets étaient considérés comme maigres.
Incidence des décès d’origine coronaire augmentée de 50 % quand l’IMC était modérément élevé à l’adolescence
L’incidence des décès est la plus faible dans le groupe de référence. Elle est plus élevée en dessous du 5ème percentile et elle augmente progressivement au-delà du 49ème percentile. En tenant compte d’éventuels facteurs confondants (analyse multivariée), l’incidence des décès d’origine coronaire est augmentée de 50 % (Hazard Ratio [HR] : 1,5 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] : 1,2-1,8) dans le sous-groupe ayant un IMC modérément augmenté (entre le 50ème et 74ème percentile), donc avant même qu’il y ait un véritable surpoids (au-delà du 75ème percentile); l’incidence des décès cardiovasculaires (pas seulement secondaire à une maladie coronaire) et des décès d’autres origines sont également supérieurs dans ce sous-groupe. Les adolescents obèses (au-delà du 95ème percentile) ont un risque multiplié par 5 de décéder d’une pathologie coronaire par rapport au groupe de référence. Les risque de décès d’autres origines sont également augmentées de 50 % (causes non cardiovasculaires) à 350 % (décès cardiovasculaires quels qu’en soient l’origine).
Les auteurs ont réalisé diverses analyses de sensibilité et confirment la robustesse des résultats, notamment en examinant séparément les deux sexes ou encore en excluant des sujets ayant des problèmes de santé à l’inclusion.
Tout mettre en œuvre pour éviter une prise de poids ultérieure
La principale limite de cette étude est qu’elle n’évalue les conséquences de l’excès pondéral de l’adolescent chez l’adulte que vers l’âge de 40-50 ans puisque les premières inclusions datent de 1967. En outre, en l’absence de mesure de l’IMC après 17 ans, on ne peut pas distinguer l’effet de l’IMC à l’adolescence de celui mesurée plus tard dans la vie. En clair, il n’est pas possible d’affirmer que le risque d’une personne en surpoids tôt dans la vie, mais mais qui normaliserait son IMC à l’âge adulte, conserve un sur-risque de décès précoce.
Enfin, cette étude n’évalue pas les mécanismes par lesquels l’excès pondéral augmente l’incidence des décès, en particulier les rôles relatifs du surpoids lui-même et des facteurs de risque associés au surpoids.
Cette étude souligne néanmoins l’importance de mesurer l’IMC dès l’adolescence et de tout mettre en œuvre pour prévenir la prise de poids ultérieure. En outre, ces données pourraient expliquer l’inquiétante stagnation de la baisse de mortalité, constatée particulièrement chez l’adulte jeune depuis quelques années, et que seule une politique de prévention du surpoids à l’adolescence permettrait de contrer.
Dr Boris Hansel