Hôpital Bichat, AP-HP : découverte d’un nouveau gène responsable des fibroses pulmonaires familiales

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Hôpital Bichat, AP-HP : découverte d’un nouveau gène responsable des fibroses pulmonaires familiales

Un nouveau gène expliquant environ 10% des fibroses pulmonaires familiales vient d’être identifié par une équipe de chercheurs de l’AP-HP, de l’université Paris Diderot et de l’Inserm, coordonnée par le Professeur Bruno Crestani (service de pneumologie A) et le Dr Caroline Kannengiesser (service de génétique) de l’hôpital Bichat. Les résultats de ces travaux  ont fait l’objet d’une publication dans l’European Respiratory Journal le 28 mai 2015.

La fibrose pulmonaire idiopathique est une maladie rare et très sévère qui affecte les adultes, habituellement au-delà de 50 ans. C’est une maladie qui touche les poumons et dont la cause le plus souvent est inconnue. Elle est progressive et se caractérise par l’accumulation dans le poumon de tissu fibreux qui détruit le poumon normal et empêche les échanges gazeux. La maladie est redoutable. Elle évolue vers une insuffisance respiratoire terminale et la survie après le diagnostic est de 3 ans seulement. Grace à des efforts internationaux considérables, deux médicaments ont démontré leur capacité à ralentir la progression de la fibrose.

Environ 10% des fibroses pulmonaires idiopathiques présentent un caractère familial et correspondraient à des formes monogéniques pour la plupart de transmission dominante. Seules 15 à 20% d’entre elles sont expliquées sur le plan génétique par l’identification de mutations portant sur le gène TERT principalement et les gènes TERC, SFTPC, SFTPA2, ABCA3. Environ 80% d’entre elles restent donc inexpliquées.

C’est en étudiant la patrimoine génétique  de patients atteints de fibrose pulmonaire familiale rassemblé dans le cadre d’un réseau collaboratif national de pneumologues d’adultes et de pneumopédiatres, que le service de génétique de l’hôpital Bichat a mis en œuvre un séquençage d’exome (correspondant au séquençage des exons des gènes) chez 47 patients issus de 35 familles affectées par cette maladie et dont le déterminant monogénique de la maladie restait non identifié. Les chercheurs ont ainsi mis en évidence des mutations du gène RTEL1 (regulator of telomere elongation helicase 1) dans quatre familles. Cette étude génétique identifie ainsi l’implication de ce gène dans une maladie sévère et permet d’expliquer 10% des cas inexpliqués de fibrose pulmonaire familiale. Il s’agit de l’étude génétique recherchant les déterminants monogéniques la plus importante en Europe sur cette forme de la maladie.

Pour le Pr Bruno Crestani, « Cette recherche est une avancée majeure pour les patients car il sera désormais possible d’effectuer le diagnostic génétique des formes familiales, de proposer un conseil génétique aux familles et d’envisager dans l’avenir des mesures thérapeutiques spécifiquement ciblées sur ce gène. »

Ce travail a été financé par le PRES Sorbonne Paris Cité (Projet FibroSPC), la chancellerie des universités (legs Poix), l’Institut IMAGINE (hôpital Necker), les Universités Pierre et Marie Curie et Paris Diderot.

 

Références

Heterozygous RTEL1 mutations are associated with familial pulmonary fibrosis

Caroline Kannengiesser1,2*, Raphael Borie3*, Christelle Ménard1, Marion Réocreux1, Patrick Nitschké2,4, Steven Gazal2,5,6, Hervé Mal7, Camille Taillé3, Jacques Cadranel8,9, Hilario Nunes10,11, Dominique Valeyre10,11, Jean François Cordier,13, Isabelle Callebaut14, Catherine Boileau1,2, Vincent Cottin12,13, Bernard Grandchamp1,2, Patrick Revy15, Bruno Crestani 2,3

 

1 APHP Service de Génétique, Hôpital Bichat, Paris, France; Université Paris Diderot, Paris, France ; 2 Université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, Paris, France ; 3 APHP, Hôpital Bichat, Service de Pneumologie A, DHU FIRE Centre de compétence des maladies pulmonaires rares, Paris, France; 4 Imagine Institute, Paris, France ; 5 Inserm, IAME, UMR 1137, Paris, France ; 6 Plateforme de Génétique constitutionnelle-Nord (PfGC-Nord), Paris, France ; 7 APHP Service de Pneumologie B, Hôpital Bichat, Paris, France ; 8 APHP, Service de Pneumologie, Centre de compétence des maladies pulmonaires rares, Hôpital Tenon, Paris, France ; 9 Université paris 6 ; 10 APHP, Service de Pneumologie, Hôpital Avicenne, Bobigny, France ; 11 Université Paris 13, ; 12 Service de Pneumologie, Centre national de référence des maladies pulmonaires rares, Hôpital Louis Pradel, Lyon, France

13 Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon, France ; 14 IMPMC, Sorbonne Universités – UPMC Univ Paris 06, UMR CNRS 7590, Museum National d’Histoire Naturelle, IRD UMR 206, IUC, Paris, France ; 15 Laboratory of Genome Dynamics in the Immune System, INSERM UMR1163, Université Paris Descartes Sorbonne Paris Cité, Institut Imagine, Paris, France

*These authors contributed equally to this work.