C’est l’été ! Le saviez-vous ? Une personne sur deux rapporte des bactéries multi-résistantes (EMR) après un voyage en zone tropicale …

À tous les âges de la vie, prendre soin

C’est l’été ! Le saviez-vous ? Une personne sur deux rapporte des bactéries multi-résistantes (EMR) après un voyage en zone tropicale …

C’est ce que vient de démontrer une étude coordonnée par le Pr Sophie Matheron, du service des maladies infectieuses et le Dr Etienne Ruppé, du laboratoire de bactériologie de Bichat et publiée dans la revue internationale Clinical Infectious Diseases en avril 2015.


Sophie Matheron nous en parle
 : « Nous avons mené cette étude auprès de 824 personnes bien portantes, avant et après un séjour en zone tropicale. Celle-ci a permis de révéler une fréquence globale d’acquisition d’EMR dans le tube digestif de 51% pendant le voyage, soit chez un voyageur sur deux. Cette fréquence diffère selon les zones géographiques visitées :au retour d’Asie, 72 % des voyageurs sont porteurs, 47 % au retour d’Afrique Subsaharienne et 31 % au retour d’Amérique du sud. L’acquisition de ces microorganismes est favorisée par la prise d’antibiotiques (qui altèrent l’effet de protection « barrière » naturelle des bactéries normalement présentes dans le tube digestif) et la survenue d’une diarrhée pendant le voyage ainsi que par le type de voyage : les séjours de type « routard », chez la famille et en voyage organisé présentant un risque plus élevé que les séjours en hôtel-club. Le suivi prolongé des voyageurs porteurs au retour montre que 95 % d‘entre eux éliminent spontanément ces EMR dans les 3 mois suivant leur retour. »

 Que nous apprennent les résultats de cette étude ? Ils rappellent l’importance d’un usage prudent des antibiotiques (souvent consommés de manière excessive en cas de simple diarrhée) et celle du respect des mesures de prévention et d’hygiène élémentaires pendant le voyage. Ils soulignent la nécessité d’évaluer l’implication des EMR chez les patients déclarant une infection dans les 3 mois suivant leur retour de zone tropicale, et donc pour les professionnels hospitaliers et de santé de ville de prescrire un traitement adapté à une éventuelle résistance aux antibiotiques.

Cette étude a été promue par l’AP-HP au titre d’un Programme Hospitalier de Recherche Clinique.

Qu’est-ce qu’une EMR : Les entérobactéries sont des micro-organismes naturellement présents dans notre tube digestif.  Si certaines sont parfaitement inoffensives, d’autres peuvent être responsables d’infections graves. Dans ce cas, les patients sont traités à l’aide d’antibiotiques. Malheureusement, une partie de ces bactéries y sont résistantes rendant difficile le traitement de ces maladies.

Communiqué de presse ici

Références : High rate of acquisition but short duration of carriage of multidrug-resistant Enterobacteriaceae after travel to the tropics / Etienne Ruppé, Laurence Armand-Lefèvre, Candice Estellat, Paul-Henri Consigny, Assiya El Mniai, Yacine Boussadia, Catherine Goujon, Pascal Ralaimazava, Pauline Campa, Pierre-Marie Girard, Benjamin Wyplosz, Daniel Vittecoq, Olivier Bouchaud, Guillaume Le Loup, Gilles Pialoux, Marion Perrier, Ingrid Wieder, Nabila Moussa, Marina Esposito-Farèse, Isabelle Hoffmann, Bruno Coignard, Jean-Christophe Lucet, Antoine Andremont & Sophie Matheron Clinical Infectious Diseases 22 avril 2015